Accueil Aveyron.netPetite histoire de la Préfecture de l'Aveyron
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La liste des Préfets de l'Aveyron (voir):

Chapitre un:

Ce texte est extrait du document remis lors des portes ouvertes en Préfecture

Au début du XIXe siècle, Rodez fut rattaché à l'évêché de Cahors. Le premier Préfet, M. Sainthorent, s'installa à l'ancien évêché en 1800.

Mais, dès 1822, le rétablissement du siège épiscopal à Rodez imposa la restitution des locaux. Le Conseil Général songea donc à l'acquisition d'un nouvel immeuble, ce qui allait représenter un énorme sacrifice pour un pays pauvre comme l'Aveyron. En témoignent les impositions extraordinaires de 3 centimes par franc des années 1823 à 1825.Le Vicomte de Bonald en personne, déclara le 22 avril 1823, que "l'ancien palais épiscopal de Rodez, assez vaste en cour et jardin, a toujours été exigu et peu commode comme maison d'habitation pour un évêque, et plus encore pour un Préfet et sa famille", mais qu'on le remplacera avantageusement par un "hôtel placé au centre de la ville beaucoup plus vaste et plus commode, qui sera, s'il est nécessaire, agrandi par l'acquisition d'une ou deux maisons attenantes de moindre valeur où l'on établirait les bureaux et les archives... C'est tout ce qu'il faut dans un pays pauvre, où le premier magistrat, même avec les seuls honoraires de sa place, est le citoyen le plus riche du Département et doit y donner l'exemple de la modestie dans son état extérieur".

Le Préfet, Comte d'Arros, acheta ainsi pour 60 000 francs, le 12 juin 1823 l'Hôtel Le Normands d'Ayssènes à M. de Séguret, président du tribunal de première instance de Rodez et neveu de Guillaumette Le Normant, héritière directe de François Le Normant d'Ayssènes. C'est en décembre 1698 que ce dernier, Conseiller du Roi et son receveur en l'élection de Rodez, avait acheté deux maisons sises la rue du Cour Comtal et la "Placette Neuve" qui devait prendre son nom quant il eut fait construire un bel hôtel sur leur emplacement. L'édifice fut achevé en 1710.

Pour procéder aux agrandissements nécessaires à l'installation des bureaux, prévus dès l'origine, on acheta les deux maisons qui jouxtaient l'Hôtel d'Ayssènes vers la Place du Fruit. Toutes deux furent démolies dans le but de respecter l'alignement. C'est Etienne-Joseph Boissonnade, Architecte du Département et premier titulaire du poste, qui eut en charge le projet. Influence de néoclassicisme, la bâtisse est caractéristique de l'ensemble de son oeuvre.Après approbation du Conseil des Bâtiments civils, la construction fut rapidement menée et achevée en 1829.

Boissonnade y donne du style qu'il allait répéter ensuite constamment, fortes arcades en plein cintre au rez-de-chaussée; au-dessus, étagement symétrique des ouvertures rectangulaires, dont la hauteur diminue proportionnellement à mesure qu'on s'élève, chaque étage étant souligné par un bandeau. Une corniche assez importante somme l'édifice. L'ensemble, de plan trapézoïdal, produit un assez bel effet de perspective. Les divisions intérieures ont du être plusieurs fois reprises. Le large escalier en demi-courbe, d'un bel appareillage, était prévu à trois volées dès le projet initial.

Devant la Préfecture de l'Aveyron

L'ensemble, Hôtel préfectoral et bureaux, se raccorde assez bien. Avec le temps, différents services ont quitté les locaux. Ainsi les Archives départementales ont migré vers les anciennes casernes Sainte-Catherine, puis vers le Centre Culturel Départemental. Des réorganisations de locaux ont eu lieu, dont les principales furent la création d'une cité administrative en 1976 et la partition avec les services du Conseil Général, à l'occasion de la décentralisation, mais le centre de la vie départementale est toujours demeuré à cet emplacement

Coté de la Préfecture de l'Aveyron

Chapitre deux:

Trois Préfets "CITOYENS"

On ne saurait évoquer ces bâtiments sans parler, même brièvement, de trois Préfets qui en ont marqué l'histoire:

Louis de Guizard, nommé à la Préfecture de l'Aveyron le 12 août 1830 par le roi des français Philippe I er, a durant quatre années, dans une période de crise sociale, oeuvré pour le département. "On livra, en effet, à la circulation une longueur de routes royales et départementales supérieure à celle qui fut livrée durant les années précédentes; le service des chemins vicinaux fut l'objet de nombreux encouragements pécuniaires ; on commença a construire ou l'on assura les fonds pour construire le palais de justice, l'asile des aliénés, l'école normale d'instituteurs, les prisons ; enfin, tous les travaux publics reçurent une vive impulsion". M. de Guizard est revenu à la Préfecture de l'Aveyron en 1839 où il fut maintenu jusqu'à la révolution de 1848. Un boulevard porte son nom à Rodez et un autre, à Espalion.

Jean Moulin fut nommé Préfet de l'Aveyron le 2 mars 1937 et ce pour quelques semaines. Il revint à Rodez en juin 1938 pour y rester jusqu'en février 1939. Lors de ces séjours en Aveyron, il acquit la réputation d'être un homme de dialogue. Nommé à Chartres le 21 février 1939, il trouve sa Préfecture "trop fastueuse et de mauvais goût, moins sympathique et beaucoup moins pratique que celle de Rodez". Après la défaite de 1940, révoqué, il choisit le parti de la Résistance, et devient en 1943 le premier président du conseil national de la Résistance. Il fut arrêté par la Gestapo en juin 1943. Torturé, il mourut des suites des sévices qu'il avait endurés, lors de son transfert en Allemagne. Lors de son inhumation au Panthéon, André Malraux exalta ce "chef d'un peuple de la nuit". L'apposition en 1948 d'une plaque sur la façade de la préfecture est venue confirmer le souvenir de Jean Moulin, en rappelant son rôle dans la Résistance et sa fin héroïque.

Louis Dupiech est arrivé à Rodez le 6 février 1944, après avoir exercé durant la guerre dans la zone occupée, en Bretagne, en Normandie, dans l'Est de la France. Engagé dans une action opposée à la politique et aux directives du gouvernement de Vichy, il s'emploie avec une ardeur passionnée à résoudre les problèmes que font resurgir sans cesse l'occupation allemande. Les choix qu'il fait, les décisions qu'il prend, le situent parmi les Préfets pour qui travailler avec et pour la Résistance, c'est travailler pour la France. Le 14 mai 1944, fête de Jeanne d'Arc, après avoir assisté à la messe à la cathédrale et déposé une gerbe au monument aux morts, il est arrêté par les hommes de la Gestapo, emprisonné à Compiègne où il est torturé, déporté à Neuengamme en juillet 1944, et meurt en déportation le 3 mai 1945 dans les cales du "Thielbeck", bombardé par des chasseurs-bombardiers britanniques.

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